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Éboulement de mots aux Chapiteaux !


Dans la périphérie poétique de cette année il y avait un peu de Laura Tirandaz, un peu de Jean-Luc Parant et un peu des turbulents.


Encore une fois, l’Atelier Maison des Écrivains s’est associé au Marché de la Poésie pour organiser une soirée haute en couleurs et en rimes.


Tout a débuté par sa légendaire et nouvellement incontournable Fanfare Verbale, menée par le chef d’orchestre David Christoffel.


Celle-ci a invité les spectateurs à rejoindre le grand chapiteau pour l’ouverture de la soirée poétique.


De grandes tables rouges face public, petit à petit dans la pénombre chacun entre sur scène en scandant son prénom. Tout d’abord invité à s’immerger dans le travail mené par Laura. Des carrés rouges qui tournoient.


Le décor est planté, tous prêts à voyager. La chanson de Moa entame une lecture de paysage.

« Cactus

Les cactus et le paysage maléfique.

Les cactus envoient leur souffle maléfique.

Et de l’air toxique en une pluie d’acides,

Qui dévorent toutes les villes et ses habitants.

Cactus qui résistent aux cyclones destructeurs.

Cactus en fuite des régions pluvieuses.

Cactus envoyez votre acide paralysant sur les cailloux.

Cactus aux branches monstrueuses.

Oh cactus, porcelaine de désert envoyez l’air maudit sur la vallée.

Petite brume de trou noir. »


Matthias.

La lumière baisse, jusqu’à disparaitre. Des petites lampes torches apparaissent pour une lecture intimiste de lettres jamais envoyées, écrites sous le manteau, susurrées une nuit.

« Ma chère Emma,

Je ne connais pas ce paysage, ni ce port. C’est le port de Congola.

Vois-tu le reflet dans l’eau sur la mer. Et la couleur de la nature et du ciel.

La petite barque me fait penser à ta douceur, au sommet des montagnes.

Mais les chants des oiseaux ne sont rien comparés à ta voix.

La couleur du soleil était moins éclairée que ton visage.

Et le vent soufflait moins fort que dans tes cheveux.

Mais la couleur du ciel, de la mer ou des iles ne valait pas l’éclat de tes yeux ce matin. »


Valentin


Tout d’un coup une vielle émission radio retentit. C’est l’heure des chroniques sportives, le moment de suer de la prose, de sortir les mots de l’effort, les mots pour dire le corps.

Puis c’est au tour de Jean-Luc Parant de nous emmener dans les méandres de son cerveau, son flot de mots. Quelques notes aux pianos pour introduire une lecture de texte autour des migrations.

« Les Migrants.

Ils ont voyagé le matin sur les eaux d’ailleurs;

Elle part. On tourne tant de fois dans le ciel.

On a salué les innombrables morts.

Des gens qui mourront tous les jours.

Ils sont rentrés aux champs, pauvres par centaine. »


Otto

Alors que les esprits voguent sur les mers du monde, des miroirs humains prennent place devant nous. Les regards intenses se croisent, se dévisagent, s’attardent l’un sur l’autre, se soutiennent, se découvrent.


De l’importance des yeux, des yeux pour voir, pour voir le monde, pour se voir.

« Les Yeux.

Les yeux peuvent voir des choses et ça leur arrive d’être curieux.

Les yeux ne peuvent pas voir le vent car il est invisible.

Les yeux peuvent voir des personnes jeunes et âgées.

Les yeux peuvent être sombres quand on est en colère.

Les yeux peuvent être tristes et malheureux.

Les yeux peuvent être contents et joyeux.

Les yeux ont des pupilles noires et rondes comme des billes.

Les yeux peuvent être aveugles et ne rien voir comme si on était en dehors pendant la nuit. »


Ingrid

Transe chamanique, Jean-Luc Parant accompagné de Thomas au piano sur un air personnel « At night, i see », nous emporte dans les dédales de son esprit, de ces phrases lancinantes, répétées comme pour nous faire comprendre le sens même du mot exister. Comme transportés dans un rêve éveillé, petit à petit le piano se tarit. Les voix se succèdent de nouveau.

« Nuit.

Le jour, on s’habille

La nuit, on se met en pyjama.

Le jour, on se balade

La nuit, on regarde des films.

Le jour, tout est ouvert

La nuit, tout est fermé.

Le jour en hiver, c’est court

La nuit en hiver, c’est long.

Le jour en été, c’est long

La nuit en été, c’est court.

Le jour, c’est les activités

La nuit, c’est le carnet de vie.

On prend le bus le jour

On prend le Noctilien la nuit.

On rigole le jour

On se calme la nuit.

On fait ce qu’on veut le jour

On obéit aux parents la nuit.

On est vivant le jour

On est mort la nuit.

Un humain est disponible le jour

Un super-héros est disponible la nuit. »


Sami

Fracas, renversement de table, boules immenses qui jaillissent, petites qui jonchent le sol. Un éboulement de mots. Laisser place au silence.


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